"Nous avons le pouvoir de faire de la France
un grand jardin, un grand village"

E n partant, par exemple, de ce petit pavillon des années 1970, aujourd’hui habité par un couple de personnes âgées. Il arbore fièrement, au rez-de-chaussée, son double garage, devenu atelier, et une confortable buanderie. A l’étage, des pièces de vie lumineuses, auxquelles on se rend par un escalier d’entrée qui mène au perron. Mais plus les années passent, plus cette maison, et son grand jardin, se révèlent inadaptés aux besoins de leurs occupants.
Un jour, après mûre réflexion, lassés par le difficile entretien du terrain, auquel s’ajoutent ces factures de chauffage qui ne cessent de grimper, ils décident, plutôt que de bricoler une isolation par l’extérieur, et d’aménager une chambre et une salle de bain au rez-de-chaussée, de déménager et de se faire construire le plain-pied de leur rêve… dans leur jardin ! Un jardin qu’ils ont décidé de réaménager, de replanter et de partager.
Dix-huit mois plus tard, les voici donc repartis pour un tour dans ce quartier qu’ils chérissent, qui a vu grandir leurs enfants et dans lequel habitent, encore aujourd’hui, tous leurs amis. Cerise dans le jardin : de nouveaux voisins ! C’est un jeune couple, et leurs deux enfants, qui s’est en effet porté acquéreur, avec qui ils se sont entendus et qui a finalement entrepris, depuis, une belle transformation et rénovation de la maison d’origine.
Construire une deuxième maison dans le jardin d’une première, c’est faire d’un jardin, deux jardins, d’une maison, deux maisons, d’une famille, deux familles voisines. La France compte 74 fleuves, 416 rivières, 27 000 ruisseaux et 20 millions de jardins, 20 millions de maisons avec un jardin.
Nombre de ces maisons, et leurs jardins, se situent là où nous avons le besoin ou le souhait de vivre : non loin d’une ville ou d’un pôle d’emplois, d’une forêt ou de la mer… Et nombre de leurs propriétaires ne seraient pas contre l’idée d’accueillir de nouveaux voisins dans leur jardin.
Si chaque année, parmi ces 20 millions de maisons, un propriétaire sur cent décide de céder une partie de son jardin comme terrain à bâtir, d’y construire une petite maison à louer, ou encore de déménager lui-même dans un petit plain-pied construit dans le fond du jardin, nous avons le pouvoir d’offrir, à tous ceux qui en rêvent, l’opportunité d’habiter dans une maison avec jardin.
Nous avons le pouvoir de faire de chaque commune un lieu hospitalier dans lequel les nouveaux arrivants ne sont pas systématiquement rassemblés dans des quartiers neufs construit ex nihilo, de faire se rencontrer les nouveaux et les anciens, de créer les conditions pour que les uns et les autres décident, d’un commun accord, de devenir voisins.
Du jardin au village, du village à la ville, nous avons le pouvoir de construire et d’accueillir, le pouvoir de partager et de démultiplier nos jardins, le pouvoir de prendre en main le destin de nos territoires.
Mais tandis que la crise du logement s’aggrave, que des français sont de plus en plus nombreux à éprouver des difficultés pour se loger, que des étudiants commencent l’année universitaire au camping, que des salariés prennent des postes en dormant dans leur voiture, que le parc social est saturé, que l’offre locative est en berne, et l’accession à la propriété verrouillée, le chemin qui mène à l’obtention d’une autorisation de construire est toujours plus difficile, complexe et semé d’embuches.
Tout ce qui n’est pas autorisé est interdit. Les interdictions, les normes, les obstacles se superposent les uns aux autres. Et les permis de construire sont accordés au compte-goutte.
Le maire qui ouvre les droits à bâtir, qui inaugure de nouvelles capacités d’accueil, est suspect. L’habitant qui souhaite partager son terrain, y construire une maison pour ses enfants, ou le céder à un tiers, est suspect, lui aussi. Le maître d’œuvre, le constructeur, l’architecte, les entrepreneurs, les artisans qui s’emploieront à édifier de nouveaux espaces de vie, à améliorer le confort de l’existant, sont, eux aussi, suspects.
Suspects de quoi ? De construire dans un territoire où tout le monde ne peut pas se loger dignement ? De rénover, de reconfigurer, d’apporter du neuf dans un tissu urbain constitué qui vieillit doucement mais pas très bien, où rien ne bouge, qui fait pâle figure à mesure que les années passent ? De donner une chance, à ce quartier bien équipé mais aujourd’hui sous-utilisé, de démarrer une nouvelle vie ?
Aucun village de France ne s’est fait en un jour. Et tous les territoires urbanisés de France ont un avenir. S’ils sont déjà constitués et habités, ils n’ont pas encore, pour la plupart, toutes les qualités que l’on peut attendre d’un village : des jardins trop grands qui manquent d’éclat, de vie, de charme ; des rues trop peu bâties et trop peu passantes, qui manquent de commerces, de services de proximité et de vie ; des quartiers silencieux qui manquent d’opportunités professionnelles, d’une école et d’une bonne desserte en transports en commun, c’est-à-dire finalement, d’habitants.
Convenons que toute initiative portée par un habitant, en faveur d’un habitat de qualité et bien situé, peut apporter sa pierre à l’édifice, des qualités supplémentaires à notre cadre de vie : si elle est écoutée, si elle est accompagnée, aidée techniquement, et parfois financièrement. Si elle est prise pour ce qu’elle est, à savoir l’expression de besoins concrets et spécifiques qui trouvent leur résolution dans un petit projet de construction ou de rénovation sur-mesure.
Chaque projet que porte un habitant est à priori légitime. A priori adapté, bien pensé, juste et courageux.
Plutôt que de restreindre, dénoncer, censurer, bloquer, éteindre, aidons chaque porteur de projet.
Écoutons, informons, clarifions. Accompagnons. Proposons des options. Aidons à la réflexion, au débat, à la décision. Aidons aux échanges entre voisins. Facilitons les ajustements. Trouvons les solutions. Organisons la rencontre entre des offres sur mesure et des besoins non moins sur mesure.
Construisons. Accueillons, tous ensemble.
Lançons des initiatives pour faire de la France un territoire vibrant, innovant et accueillant !
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